Pourquoi la conformité à la RTE 20100 est vitale pour éviter les incidents ?

Pourquoi la conformité à la RTE 20100 est vitale pour éviter les incidents ?

Comment une réglementation peut-elle transformer un chantier ferroviaire en terrain maîtrisé, malgré la circulation continue des trains ? En Suisse, la conformité à la RTE 20100 s’impose comme le garde-fou indispensable pour contenir les aléas techniques et humains qui surgissent sur la voie. Adoptée par l’ensemble des acteurs du rail et relayée par l’Office fédéral des transports, cette prescription d’exploitation définit les mesures à appliquer, depuis l’interdiction temporaire d’une voie jusqu’à la procédure d’alerte, afin de maintenir un niveau de sécurité élevé. Les lignes qui suivent expliquent pourquoi ce cadre n’est pas un détail administratif, mais un pilier du quotidien ferroviaire.

Origine et portée de la réglementation RTE 20100

La RTE 20100, actuellement dans sa septième édition, fixe à l’échelle nationale les règles applicables aux travaux sur et aux abords des voies ferrées. Déclarée contraignante par les CFF depuis le 1ᵉʳ juillet 2024, elle garantit un standard de sécurité uniforme pour tous les gestionnaires d’infrastructure et les entreprises intervenant sur le réseau. Elle précise notamment les conditions d’interdiction de voie, les signaux à installer et les processus d’évacuation rapide.

Chez Innov Concept, en tant qu’entreprise de sécurité ferroviaire sur les chantiers en Suisse, nous observons chaque jour comment cette prescription encadre les missions les plus variées, des opérations de maintenance légère aux renouvellements d’appareils de voie. Sa structure détaillée et l’obligation de documenter chaque étape offrent aux équipes une feuille de route lisible qui limite considérablement les marges d’interprétation.

Quand la conformité à la RTE 20100 devient rempart face aux risques !

La survenue d’incidents sur un chantier ferroviaire résulte souvent d’un enchaînement de petites déviations par rapport au dispositif prévu. En imposant une vérification systématique des signaux d’arrêt, de la mise hors tension et de la présence constante d’un chef de la sécurité, la conformité à la RTE 20100 ferme la voie aux improvisations dangereuses.

Le rapport du Service suisse d’enquête de sécurité sur l’accident de La Conversion en mars 2018 montre que le non-respect du dispositif réglementaire a affaibli la surveillance du chantier. L’analyse révèle notamment que le chantier manquait d’une supervision constante par le chef de la sécurité et que la planification des interruptions de voie était insuffisante. Ces deux défaillances auraient pu être évitées si la conformité à la RTE 20100 avait été strictement respectée.

Coordination des fonctions de sécurité et prévention des collisions

La RTE 20100 décrit cinq fonctions complémentaires – chef de la sécurité, coordinateur de chantier, protecteur, sentinelle et aide temporaire – afin de couvrir sans interruption le périmètre technique et humain. Le chef de la sécurité applique le dispositif, le coordinateur assure la cohérence entre plusieurs sites, tandis que le protecteur surveille la zone de danger et que la sentinelle annonce l’approche des convois. Sans cette organisation, la charge d’information se disperse et le temps de réaction s’allonge. 

Cette répartition des responsabilités soutient également l’analyse post-chantier, car chaque intervenant peut retracer sa propre chronologie d’événements. En pratique, la conformité à la RTE 20100 constitue donc un système de barrières successives : si un niveau fléchit, le suivant prend le relais avant que le risque n’atteigne la circulation des trains.

Leçons tirées de la pratique et vigilance continue sur les chantiers

Les retours d’expérience diffusés par les CFF montrent que la majorité des incidents évités de justesse sont détectés lors des rondes du chef de la sécurité de chantier ferroviaire ou grâce aux annonces de la sentinelle. Dans plusieurs dossiers d’événements, la correction immédiate d’un oubli de signalisation a été possible parce que toutes les équipes avaient pleinement intégré les exigences de la réglementation. Au-delà de la prévention immédiate, cette approche structurée nourrit une culture dans laquelle chaque conducteur d’engin, chaque opérateur au sol et chaque superviseur partage la même grille d’analyse. Les données collectées servent ensuite à affiner le dispositif, preuve qu’une application rigoureuse peut évoluer sans perdre sa cohérence.

Il est clair que la RTE 20100 continue d’évoluer, mais son ambition reste constante : maintenir l’exploitation ferroviaire à l’abri des aléas du chantier. En se conformant à ses exigences, les acteurs du rail suisses s’offrent non seulement un socle réglementaire, mais surtout un processus de travail qui transforme la discipline quotidienne en sécurité pour les trains, le personnel et l’infrastructure.